Protocole de restauration de l'incunable 563

 

Protocole de restauration rédigé par : Yvonne Stoldt, Eva-Katharina Nebel
Propriétaire : Bibliothèque municipale de Trèves

L'incunable regroupe deux ouvrages écrits par deux auteurs différents. Cependant, dans les deux cas, il s'agit d'ouvrages à contenu encyclopédique. Le premier, les " Etymologiae " d'Isidore de Séville, a été terminé vers 630. Il s'agit d'une encyclopédie résumant la totalité des connaissances que le bas moyen âge avait des mondes corporel et spirituel. L'incunable en possession de la Bibliothèque municipale de Trèves a été imprimé après 1470 par Conradus Winters de Homborch à Cologne.

Le second ouvrage est le " De proprietatibus rerum " de Bartholomaeus Anglicus. Il s'agit d'une encyclopédie naturelle en 19 livres, rédigée vers 1240. Cet imprimé date de 1470 et est dû aux presses de Berthold Ruppel de Bâle.

Dimensions de la reliure : hauteur 388 millimètres, largeur 275 millimètres, épaisseur 92 millimètres. Décor du corps du volume : initiale d'apparat sur le premier feuillet, initiales dessinées en rouge et en bleu, rubrications. Couverture : vélin tanné à l'alun, décor à froid ; agrafes (incomplètes), ais en bois de hêtre.

Les premiers et derniers cahiers du corps du volume étaient déchirés et souillés. Le corps du volume était sali à la tranche supérieure, où on a procédé à un nettoyage à sec avec une éponge en latex. Les déchirures et les parties manquantes ont été fermées avec du papier japon. La colle utilisée à cette fin est de la tylose MH 1000, qui, diluée dans un mélange d'eau et d'éthanol, sèche rapidement sans laisser des bords visibles.


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Les taches visibles sur la feuille volante ont pu être en partie réduites par l'application d'une feuille de buvard humidifiée. L'image à gauche montre l'état avant le traitement, l'image à droite l'état après le traitement. Sur l'image de gauche, il est encore possible de se faire une idée de la manière de travailler du relieur médiéval. Au moment de la reliure, le cuir non coupé est plié autour de l'ais. L'excès du cuir est plié en forme de triangles, qui sont ensuite taillés à la manière d'encoches, sans égard à la largeur du rabat.

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Les couleurs de la tranchefile attachée au corps du volume ont gardé les netteté et clarté originales du temps de leur création au 15e siècle. Quelques fils sont déchirés. Au moment de la restauration, ils sont fixés au moyen d'un fil de soie à peine visible, et collés encore une fois par derrière avec du papier japon très fin.

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A l'exception des charnières endommagées, la peau de couverture était restée intacte. La photo montre l'état du livre après que la peau originale eut été sous-tendue avec du cuir de remplacement. Notre attention a particulièrement été retenue par la couche grisâtre folliculée qui s'était formée sur la peau de couverture. Comme on peut le constater plus haut, le cuir - à l'instar de tous les cuirs tannés à l'alun - était blanc à l'origine.


L'analyse d'un échantillon de cette couche grisâtre au moyen de la spectrométrie infrarouge a montré que le cuir est enduit à l'extérieur d'une couche de colle de seigle. Il est permis de s'interroger sur la fonction de cette couche : servait-elle à protéger le livre contre les empreintes des doigts, et à prévenir ainsi la formation de taches désagréables ?


Ainsi, les livres originaux du moyen âge nous livrent, bien au delà de leur seul contenu textuel, des informations sur la manière de travailler, les us et coutumes, et les pensées des hommes du moyen âge.

Matériaux utilisés : Eponge en latex " chemical sponge ", vélin tanné à l'alun, couleurs pour cuir " Luganil ", papier japon, éthanol. Colles : colle d'amidon de blé, colle de vessie de grand esturgeon, tylose MH 1000.

 
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